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lundi 24 janvier 2011

Première pierre

Le comité du parti de Gauche du sud Seine-et-Marne (Melun-Sénart) porte désormais le nom de Jeanne Deroin.

Née en 1805 dans une famille d'ouvriers, Jeanne Deroin est une pure autodidacte. D'abord ouvrière lingère comme l'y amenait sa condition, elle apprend à lire et écrire à l’âge de 20 ans en recopiant des livres uns  à uns, puis arrache à la force du poignet son diplôme d'institutrice. Très tôt attirée par le saint simonisme (prémices au socialisme), son engagement se porte inconditionnellement sur l'amélioration de la condition féminine. Féminisme convaincue, elle épousera un homme (Desroches), dont elle refusa de porter le nom par esprit de liberté.

Mais son plus grand combat fut le suivant. A 26 ans seulement, alors totalement inconnue, elle décide de se présenter aux élections législatives du 13 mai 1849. « Liberté, égalité, fraternité, c’est au nom de ces principes qui n’admettent pas l’exclusion que je me présente comme candidate à l’Assemblée Législative » proclamait-elle à l'époque. Déçue par  l'oubli des femmes dans le suffrage universel qu'elle nomma à juste titre universel masculin, elle s'engage dans cette bataille qui marquera la première étape d’une longue marche qui mènera 100 ans plus tard au droit de vote et d'éligibilité des femmes. A l'époque, seule contre tous (et même contre toutes), elle ne sera évidemment pas élue. Sans soutien, souvent insultée pour tant d'affront, y compris dans son propre camps, elle mènera tout de même sa campagne jusqu'au bout. Mais, sa candidature, jugée inconstitutionnelle, ne lui permettra pas de franchir l'ultime étape.

Quoi qu'il en soit, Jeanne Deroin est pour nous un bien joli nom pour notre comité, et cela pour deux raisons. Tout d'abord, il illustre le fait que le combat féministe est, au même titre que l'écologie, la république et le socialisme, un des piliers sur lequel repose la politique d'émancipation voulue par le parti de gauche. Selon Jeanne Deroin, le combat socialiste pour l'émancipation de travailleurs ne peut être réalisé si on laisse de côté la moitié de l'humanité dans d'assujettissement.  De plus, vent debout contre l'ordre établi lorsqu'elle se présenta « illégalement » aux élections législatives, insoumise et révoltée, la personne de Jeanne Deroin représente aussi un appel aux mauvaises graines, aux têtes dures. C'est un appel à ne pas baisser les yeux !

Indignez-vous, révoltez-vous, mais aussi, impliquez-vous politiquement pour faire valoir ce qui vous semble bon pour l’intérêt général ! Voilà le message délivré par Jeanne Deroin.

Nicolas Lambert